La balance commerciale représente seulement la différence entre les importations et les exportations d’un pays à partir des statistiques des douanes d’un pays. On parle aussi de solde commercial. Quand la balance est positive, le pays réalise un excédent commercial, en clair, il vend plus à l’étranger qu’il n’achète à l’étranger, et quand la balance est négative, il importe plus qu’il n’exporte, nous parlons alors de déficit commercial.

Une exception bien française

Rien à faire, il faut que nous ne fassions rien comme les autres. En France, la balance commerciale au sens strict ne représente que les marchandises (les “biens”). Les importations et exportations de services font l’objet d’une comptabilisation distincte (la balance des services), et les deux comptes sont réunis dans ce qu’il convient d’appeler “La Balance des Biens et Services” qui est la balance commerciale de pratiquement tous les autres pays du monde.

Pour avoir une représentation complète, la balance des biens et services fait partie d’un compte plus grand appelé Balance Courante qui regroupe en plus des marchandises et des biens et services, les transferts courants (contrepartie des biens, services, capitaux importés ou exportés gratuitement, c’est-à-dire sans contrepartie mesurable) et les revenus nets de capitaux (revenus financiers et rémunérations des résidents français versées par des employeurs non résidents).

Cette Balance courante fait partie d’un objet plus global encore appelé la balance des paiements qui, en plus de ce que nous avons dit, regroupe le compte financier (investissements directs, transfert en capital), et enfin les opérations monétaires.

Cette balance des paiements représente donc une vue statistique que la France entretien avec les non résidents. L’erreur à ne pas commettre est de confondre résident et national :

  • les résidents sont bien les personnes physiques ayant leur principal centre d’intérêt en France, et les personnes morales pour leurs établissements en France ;
  • les non-résidents sont les personnes physiques qui vivent habituellement à l’étranger, qu’elles soient françaises ou étrangères, et les personnes morales pour leurs établissements à l’étranger, dès lors qu’il y a une activité économique réelle.

La balance commerciale représente donc la différence entre les exportations et les importations de biens. Qu’entend-on par un bien ?

Ce sont les transferts de propriété de biens meubles (qui peuvent être déplacés) entre les résidents et les non résidents et évalués à la valeur de marché à la frontière de l’économie exportatrice. Ce sont donc les prix usine auxquels on ajoute les coûts de transport jusqu’à la frontière française, dans le cas d’une exportation française, et non pas des frais entre la France et le pays destinataire (évaluation dite Franco à Bord).

On enregistre aussi quelques exceptions à la règle du transfert de propriété comme les travaux de transformation : raffinage du pétrole, traitement des métaux et des produits textiles.

Ensuite nous avons les services, et on distingue plusieurs catégories de services : les transports (éclatés entre transports maritimes, aériens et autres (spatiaux ou oléoducs par exemple), les services de communication (services postaux, téléphoniques, réseaux de données etc.), les services de construction (frais de fonctionnement et bénéfices des chantiers, prospections minières, forages…), services d’assurance, services financiers, etc.

Une balance commerciale de plus en plus déficitaire

Principaux soldes des transactions courantes

(en milliards d’euros) 2011 2012 2013
Transactions courantes -22,3 -31,8 -30,3
En % du PIB -1,1 -1,5 -1,4
Biens -64,8 -54,6 -42,5
Services 24,0 24,7 18,3
Revenus primaires 56,0 40,7 39,3
Revenus secondaires -37,5 -42,6 -45,3
Source : Banque de France

La balance des transactions courantes est déficitaire globalement de 30,3 milliards d’euros en 2013, et la balance commerciale, à strictement parler (les biens), est déficitaire de 42,5 milliards, en partie compensée par les soldes des services de 18,3 milliards.

Le tableau sur les trois années donne une vision peu flatteuse du problème : le déficit des biens et services augmente (-22 milliards). Mais ne cachons pas que cette constante recouvre essentiellement la faiblesse de la demande intérieure. Évidemment, gardons-nous de comparer cela avec les 198,9 milliards d’excédents commerciaux de l’Allemagne.

La France reste le cinquième exportateur mondial avec un montant global de 427,2 milliards d’euros, et certains secteurs s’en sortent mieux que d’autres :

  • le premier secteur excédentaire est l’aéronautique (Airbus), qui affiche en 2013 un record de 20 milliards d’euros en balance, et des exportations brutes de 50,7 milliards,
  • le deuxième est l’agroalimentaire (+ 11,5 milliards), notamment grâce aux performances des vins et spiritueux,
  • le troisième sont les parfums et cosmétiques (+ 7,6 milliards),
  • enfin le dernier secteur significatif est la Pharmacie qui retrouve de la croissance (+ 13 % à 3 milliards d’euros).

Attention, la balance nette des secteurs ne représente pas toujours ce que l’on exporte le plus. Si nous exportons beaucoup d’Airbus et importons moins de matériel aéronautique, le deuxième poste d’exportation brute est l’automobile : nous exportons pour 22,7 milliards d’automobiles (et 12,9 milliards en plus de parties et accessoires pour automobiles), mais le secteur automobile est déficitaire depuis 2008 et continue de régresser, avec des ventes en recul de 5 % qui laissent un déficit commercial de 3,4 milliards.

Pour les autres produits exportés, on trouve :

  • les préparations pharmaceutiques pour 26,7 milliards,
  • les automobiles dont nous venons de parler,
  • les produits du raffinage et du pétrole pour 11,939 milliards
  • les parfums et cosmétiques pour 10,8 milliards
  • les autres produits chimiques de base pour 10,14 milliards,
  • etc.

Les produits laitiers et fromages n’arrivent par exemple qu’en 15e position dans le classement pour 6,2 milliards d’euros quand même.

Sans surprise, les trois premiers déficits commerciaux sont :

  • l’énergie (pétrole et gaz principalement), avec un solde de – 65,8 milliards en 2013,
  • les équipements mécaniques, électriques et informatiques, avec un déficit de 20,2 milliards,
  • et les autres produits industriels (textile, bois, chimie, métallurgie etc.) qui affichent un déficit de 20,8 milliards.

Du côté des importations brutes, on trouve donc :

  • les pétroles bruts pour 34,3 milliards, auxquels il faut rajouter les produits du raffinage du pétrole (l’essence) pour 29,2 milliards, soit 63,5 milliards,
  • les véhicules automobiles pour 30 milliards,
  • l’aéronautique pour 28,8 milliards,
  • les produits de pharmacie pour 18,18 milliards,
  • le gaz pour 16,7 milliards,
  • les ordinateurs et équipements périphériques pour 10,6 milliards
  • etc.

On retrouve une certaine ressemblance avec les importations. C’est aussi ça la mondialisation : nous exportons des Renault et nous achetons des Volkswagen, nous exportons des Airbus et importons des Boeings, etc.

Avec qui la France travaille-t-elle ?

Et bien, malheureusement pour nous, nous avons une France bien européenne, puisque nos quatre premiers partenaires sont : l’Allemagne, largement en tête avec 16,8 % de nos échanges commerciaux, la Belgique, 7,8 % de nos échanges, l’Italie (7,1 %), et l’Espagne (6,4 %). Seulement ensuite, viennent les États-Unis avec 6,4 % de nos échanges et la Chine avec 6 %.

Au final, les deux tiers de nos échanges commerciaux se font avec l’Europe.

En fait, depuis 2007, la liste des 10 premiers partenaires commerciaux de la France n’a varié que d’un seul nom : le Japon, qui occupait jusqu’alors la dixième position, et qui a perdu sa place au profit de la Russie. Oui, nous commerçons plus avec la Russie qu’avec le Japon.

Il est intéressant de noter que la crise qui sévit depuis 2008 n’a pas profondément modifié nos rapports commerciaux avec le monde. On note tout de même qu’en 10 ans, entre 2003 et 2013, le poids de l’Espagne et de l’Italie a baissé de deux points : ils sont passés respectivement de 9,3 et 8,8 % de nos échanges à 7,1 et 6,4 %. Le Royaume-Uni est aussi passé de 8,1 % à 5,4 %, avec en filigrane la montée en puissance de la Chine qui passe de 2,8 % de nos échanges en 2003 à 6 % en 2013. 6 % seulement me direz-vous…

Les 6 pays de l’Union européenne, parmi nos 10 premiers partenaires commerciaux, représentent à eux seuls 48 % de nos échanges. Même si, tendanciellement, le poids de l’UE tend à baisser dans nos échanges (parallèlement à la montée de l’Asie), nos échanges avec l’UE représentent encore 60 % de la totalité de nos échanges. Fort positionnement sur une zone à faible dynamique, voilà notre problème et notre défi. Car nos échanges commerciaux avec les pays asiatiques sont surtout des importations : nous avons un déficit avec la Chine de 21,8 milliards, principalement lié à des importations de textiles, et de produits électriques, informatiques et électroniques. 30 % de nos exportations vers la Chine sont des avions, et pour caricaturer, le reste sont des vins et spiritueux.

Les chiffres

Principaux partenaires commerciaux de la France en 2013

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Les 10 premiers partenaires de la France en 2013

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Source : France Diplomatie