Travailler six mois d’arrache-pied avant de s’octroyer six mois de vacances… Cette vie saisonnière peut faire rêver plus d’un entrepreneur. Pourtant, l’idée d’une activité rémunérée sur seulement six mois n’est qu’une façade. Beaucoup de jeunes qui tentent cette aventure n’y arrivent pas ! Il est préférable de savoir tenir un commercer à l’année pour être parfaitement armé.

La préparation d’un commerce saisonnier

Pour réussir dans le commerce saisonnier, il est impératif de bien se préparer. L’implantation géographique est essentielle, tout comme le type d’activité commerciale exercée. Tout doit être calculé dans les moindres détails. Par exemple, les villes balnéaires, les stations de ski ou les plages très fréquentées sont des destinations intéressantes pour un large public. Ne pas négliger un détail qui a son importance : la météo. Pour pallier les caprices de Dame Nature, le commerçant doit choisir l’implantation là où il est convaincu d’avoir des clients. Ainsi, il est préférable de s’installer près d’un site très touristique qui a une solide réputation, plutôt que près d’une plage sans intérêt particulier. Certaines villes accueillent même des festivals et des fêtes, ces événements attireront à coup sûr les consommateurs, quand bien même le mauvais temps serait de la partie. En effet, cela peut permettre de s’en sortir malgré un mois de juillet pluvieux.

Le choix de l’activité est très important. Par exemple, la restauration est tout à fait appropriée à une activité saisonnière. Il en va de même pour le commerce de détail avec la vente d’articles de plage ou de maillots de bain. A noter qu’il est également préférable d’avoir un stock intemporel qui puisse être utilisé l’année suivante pour diminuer l’investissement financier

L’étude de la concurrence est un point essentiel. Il ne faut pas que le commerçant saisonnier vende les mêmes produits que les autres commerces éphémères. La gamme doit être pensée et réfléchie. Si l’offre est similaire à celle de la concurrence, une guerre des prix pour capter les clients pourrait nuire aux marges.

L’entrepreneur doit aussi définir un positionnement lui permettant d’apporter une complémentarité par rapport aux commerces ouverts toute l’année, ce qui évite une concurrence frontale et améliore les relations entre commerçants, surtout si le saisonnier revient chaque année. À l’image de la création d’un commerce classique, une étude de marché doit donc être effectuée par le futur commerçant en allant sur place pour étudier le tissu commercial et les opportunités de développement.

Le local commercial doit également faire l’objet de toutes les attentions. Par rapport à un commerce classique, le choix de l’emplacement est encore plus stratégique. L’entrepreneur doit privilégier les emplacements qui lui assureront un flux de clientèle constant. Dans le cas contraire, il devra prévoir un budget communication pour se faire connaître. Or, il n’a que quelques mois pour réaliser son chiffre d’affaires et amortir rapidement ses investissements comme l’agencement de son point de vente. Le développement de son activité doit être d’autant plus rapide que le commerce saisonnier souffre depuis 2008, notamment sur le littoral français. Les acteurs du commerce observent en effet une diminution de la durée du séjour et une moindre fréquentation des restaurants, les vacanciers préférant une pause pique-nique sur la plage. Tout est évidemment en rapport avec la baisse du pouvoir d’achat due à la crise économique.

La gestion d’un commerce saisonnier

Il existe plusieurs formules concernant les baux commerciaux. Le contrat le plus couramment utilisé est le bail saisonnier, conclu pour la durée correspondant à la période d’activité du locataire. Si ce dernier est moins coûteux qu’un bail 3-6-9 ans en raison de l’absence de pas-de-porte à payer, en revanche, le locataire ne bénéficie pas du droit de renouvellement du bail qui dépend du bailleur. Ce dernier peut reprendre son local entre deux saisons. Autre bémol : lors du renouvellement du bail, le nouveau loyer pourra être augmenté fortement car le bailleur n’est pas soumis au plafonnement des loyers, que ce soit l’ILC (indice des loyers commerciaux) ou l’ICC (indice du coût de la construction).

Avoir les bons produits adaptés au marché local, c’est essentiel, mais ce n’est pas le seul critère pour choisir ses fournisseurs. Il ne faut pas se focaliser sur les meilleures conditions tarifaires qui peuvent être négociées et privilégier les fournisseurs fiables et rapides. Il faut sécuriser ses approvisionnements car un commerçant saisonnier ne peut pas prendre le risque d’une rupture de stock. Il doit donc nouer une véritable relation de confiance avec son fournisseur.

Côté recrutement, là encore, c’est un véritable tour de force. Lorsque le commerçant démarre son activité, il est préférable d’employer des locaux. C’est un bon moyen de connaître les habitudes de la clientèle. Afin de faciliter le travail des commerçants, il existe des groupements d’employeurs qui permettent aux entrepreneurs de recruter des salariés qui travailleront en saison l’été et l’hiver. De plus, il faut savoir que les salariés sont fidèles d’une année sur l’autre et connaissent bien cette activité. Dans certains secteurs d’activité comme l’hôtellerie- restauration, des contrats d’usage peuvent être utilisés. Ces contrats sont plus souples qu’un CDD traditionnel et ils présentent plusieurs avantages comme l’absence de durée maximale du contrat, de délai de carence entre deux contrats et de paiement de l’indemnité de fin de contrat.

Afin de sécuriser toutes les étapes de la préparation à la gestion de l’activité, le plus simple est de faire appel à un expert-comptable pour valider les procédés, les business plans, les plans de trésorerie, les contrats de travail, etc. Cette démarche est essentielle pour ne pas avoir de mauvaise surprise, comme un CDD requalifié en CDI avec à la clé d’importantes sommes à verser au salarié.

Par Publié le : 10 décembre 2014Catégories : Business0 CommentaireMots-clés :