Au jeu des sept familles version bourse, je voudrais le valet ! Comment savoir ce qui se passe en matière de spéculation sur les matières premières ? Quel est l’impact dans mon quotidien ? Est-ce que si le cours de mes pommes de terre augmente, leurs prix en magasin augmentent ? Est-ce instantané où il y a-t-il un décalage ?

Les matières premières s’échangent !

Premièrement, on appelle matière première l’état brut d’un produit. C’est à dire, sa forme avant toute transformation. On utilise ces matières premières pour la production de produits finis, d’énergie ou dans l’alimentation. Les matières premières sont classées. Il existe quatre familles de matières premières, les métaux précieux, les minerais et métaux, les grains et les énergies :

  • Métaux précieux : or, argent, platine, diamant, palladium
  • Minerais et métaux : plomb, nickel, aluminium, cuivre, zinc, acier et cobalt
  • Grains et agriculture : blé, maïs, sucre, café, cacao, coton
  • Energies : pétrole, charbon, gaz et électricité

Il existe trois grandes catégories d’intervenants sur les marchés, les spéculateurs, les professionnels et les intermédiaires.

Les spéculateurs prennent des positions sur les marchés sans répondre à une logique commerciale ou industrielle. Ils sont, cependant, indispensables car ils contribuent à améliorer le marché (efficacité et liquidité).

Les professionnels sont les producteurs, les transformateurs ou les négociants. Ils cherchent tous à se protéger des variations défavorables des cours et leur présence sur les marchés leur permet de sécuriser les approvisionnements face aux risques de décalage des prix.

Les intermédiaires (Goldman Sachs, JP Morgan, etc.) sont les banques qui effectuent pour leur compte ou pour le compte d’autrui les opérations de trading.

Ces matières premières s’échangent sur des marchés financiers plus ou moins importants. Le plus grand est incontestablement le CBOT (Chicago Board of Trade) à Chicago qui traite des céréales, mais il y en a d’autres, le NYMEX (New York Mercantile Exchange) pour le pétrole, le LME (The London Metal Exchange) pour l’aluminium ou encore le TOCOM (Le Tokyo Commodity Exchange) pour le platine, etc.

Comment les prix des matières premières peuvent varier ?

Genève est devenu la plaque tournante mondiale du commerce des matières premières, dont elle domine les secteurs du café, du sucre, du coton, des céréales et du pétrole, au point de dépasser Londres pour ce qui est de l’or noir, selon des spécialistes. Outre Genève, les négociants de pétrole, de gaz et de métaux sont fortement présents à Zoug ainsi qu’à Zurich et au Tessin, parmi d’autres places, bien qu’à un degré moindre.

C’est l’indice REXECODE qui classe les matières premières et qui donne un aperçu du niveau de l’ensemble des prix en fonction de l’importance de la matière. Il se compose de la manière suivante : pétrole, pondération de 45,1 % dans l’indice ; grains et agriculture, pondération de 25,8 % ; minerais et métaux, pondération de 23 % et métaux précieux, pondération de 6,1 %.

Le fonctionnement actuel des marchés des matières premières contribue à garantir une certaine stabilité des cours, notamment par le biais des contrats à terme. Les cours des matières premières sont donc bien souvent les cours définis par les contrats à terme pour une matière première, soit le prix fixé à l’avance auquel se négociera cette matière première à une échéance donnée.

Les facteurs influençant le cours des matières premières sont donc :

L’offre et la demande. Principe d’économie basique. Si l’offre augmente mais que la demande stagne, le cours du produit baissera. Si la demande augmente mais que les producteurs ne parviennent pas à la satisfaire, le cours du produit augmentera. On l’a vu précédemment, les matières premières se négocient généralement selon les cours des contrats à terme mais ces cours sont tout de même influencés par les événements politiques du moment.

Les conditions météorologiques. Les matières premières agricoles telles que le blé ou le café seront fortement dépendantes des conditions météorologiques en raison de leur impact sur les récoltes. Une mauvaise récolte aura pour conséquence une faible offre, ce qui entraînera les cours à la hausse.

Le cours du dollar. Les cours des matières premières s’expriment généralement en dollars et ont tendance à évoluer dans un sens inverse au cours de cette devise. Un dollar en hausse produit un effet anti-inflationniste en appliquant une pression à la baisse sur les cours des matières premières. De la même façon, un dollar en baisse appliquera une pression à la hausse sur les cours des matières premières. Toujours dans l’univers boursier, les matières premières peuvent être utilisées comme une protection naturelle contre l’inflation. Lorsque l’inflation augmente, les investisseurs veulent sécuriser leurs capitaux, la demande augmente donc naturellement ainsi que les prix.

Spéculer sur les matières premières engendre…

Le système boursier et les opportunités de spéculations font de la chaîne alimentaire un outil d’enrichissement de tous les intermédiaires entre le producteur et le consommateur. D’une part, le producteur, tout en bas, s’efforce de survivre. Pour ce dernier, la hausse du prix des céréales aurait dû être une aubaine, mais la spéculation a également entraîné la hausse du prix de tout ce qu’il doit acheter pour cultiver ses céréales (des graines aux engrais, en passant par le carburant diesel). D’autre part, tout en haut de la chaîne se trouve le consommateur. Le consommateur moyen, qui consacre entre 8 et 12 % de son budget hebdomadaire à l’alimentation, n’a pas été touché tout de suite par la hausse des prix. Mais pour les près de 2 milliards de personnes dans le monde qui dépensent plus de 50 % de leurs revenus pour s’alimenter, les effets ont été dévastateurs : le nombre de personnes affamées a augmenté de 250 millions en 2008 pendant la crise, ce qui a porté le nombre total de personnes souffrant d’insécurité alimentaire dans le monde à un milliard (un chiffre sans précédent).

 

Pour aller plus loin : Pour Investir sur les matières premières

Le marché au comptant

Acheter sur le marché des matières premières au comptant revient à payer le producteur de la matière première pour la livraison immédiate du produit physique. Cela restera quand même compliqué de stocker chez vous 10 tonnes de coton…

Les contrats à terme

Chaque contrat est un accord entre deux parties pour effectuer une transaction sur une quantité déterminée d’une matière première, à une date future fixée, à un prix convenu au moment de l’accord. De fait, il illustre le principe du “acheter maintenant et payer plus tard”. Les banques jouent leurs rôles d’intermédiaires en proposant des produits financiers liés uniquement aux matières premières.

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