Ce qu’il y a de bien avec le secteur de la comptabilité, c’est que même en cas de récession, il faut des comptables pour comptabiliser les pertes, puis les liquidations, etc.

Bon, je suis d’accord, ma réflexion précédente n’est pas très optimiste. Pour me racheter, j’ai une bonne nouvelle ! En avril, et pour le deuxième mois consécutif, le nombre d’inscrits à Pôle emploi en catégorie A est en baisse. Une période au cours de laquelle cette catégorie de demandeurs d’emploi sans aucune activité, s’est allégée de 80 000 personnes. Depuis le début de l’année, la France compte au total près de 70 000 chômeurs de moins. Une baisse qui profite à toutes les tranches d’âge, en particulier à celle des jeunes de moins de 25 ans.

Le nombre de chômeurs diminue oui ou non ?

Comme d’habitude, info, intox, la raison de cette baisse serait, selon certains, due à un procédé arithmétique ou à une augmentation subite des radiations…

Tout porte à croire que le chômage baisse, c’est normal, la reprise est là et la croissance aussi. Explications.
Une baisse du chômage est le résultat d’un ensemble de facteurs qui ont influé sur et qui continuent de jouer un rôle. La reprise de l’activité économique est due pour partie à des phénomènes divers tels : la baisse du prix du pétrole, le maintien du cours de l’euro, les taux d’intérêt qui restent bas mais aussi le pacte de responsabilité, le CICE (Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi). Avril et mai sont donc les mois post-bilans parfaits pour embaucher si vous avez validé un bilan sain et des dividendes certains !

Les détracteurs pensent que le chômage en France est structurel, que rien ne pourra l’endiguer, que nous sommes finis… Faut-il qu’on se jette tout de suite ? Non !!
Avant la crise de 2008, le taux de chômage était de 6,8 % en France, pour atteindre les 10 % quelques années plus tard. Entre temps, la tendance a plutôt été à la flexibilisation du marché du travail en France et globalement, à une politique budgétaire plus dure ainsi qu’à des mesures d’austérité fiscale.

On comprend surtout que les employeurs ont vu la caisse de leurs sociétés se réduire, leurs poches par la même occasion et que cela les a inquiétés fortement. Effet boule de neige, pas d’embauche, pas d’investissement, etc. On connaît la suite. Il fallait donc relancer la machine à risque et remplir les carnets de commandes.

Miracle, le chômage baisse. On espère que la tendance est bien celle-là pour recommencer à se risquer sur quelques projets entrepreneuriaux sympathiques. En avant les start-up !

Comme le dit notre président, “ça va mieux”, mais cela ne veut pas encore dire que ça va bien. On a toujours un chômage massif, un déficit budgétaire colossal et un déficit commercial assez important. C’est un bon début même si l’équilibre reste fragile. On est aujourd’hui à un niveau de croissance de 1,5 %, soit juste au-dessus du niveau qui permet de recréer des emplois (1,3 %). Mais les manifestations qui durent ou encore la possibilité d’un black-out sont des événements qui pourraient vite nous faire perdre quelques dixièmes de points de croissance.

Bon, en tout cas, on est en sûr maintenant, François Hollande va pouvoir se représenter ! Pour pouvoir être candidat à sa succession, le président s’était fixé comme objectif que le chômage devait baisser en fin de quinquennat. C’est chose faite ! Pour le démontrer, il compte s’appuyer non pas sur les chiffres de Pôle emploi, qui sont catastrophiques, mais plutôt ceux du BIT (Bureau International du Travail) qui montrent que la décrue est déjà une réalité…

Taux de chômage au sens du BIT

Graphe-Tx-de-chômage-BIT

 

En % de la population active

Variation en points sur

Milliers

 

2015 T4

2016 T1 (p)

Un trimestre

Un an

2016 T1 (p)

Personnes au chômage

9,9

9,9

0,0

–0,1

2 845

15-24 ans

23,9

24,2

0,3

0,1

657

25-49 ans

9,2

9,3

0,1

–0,2

1 651

50 ans ou plus

6,7

6,5

–0,2

0,0

537

Hommes

10,4

10,3

–0,1

–0,1

1 537

15-24 ans

25,5

25,4

–0,1

–0,2

379

25-49 ans

9,5

9,4

–0,1

–0,2

874

50 ans ou plus

7,2

6,8

–0,4

0,0

285

Femmes

9,4

9,4

0,0

–0,2

1 307

15-24 ans

22,0

22,7

0,7

0,3

278

25-49 ans

9,0

9,1

0,1

–0,2

777

50 ans ou plus

6,3

6,2

–0,1

0,0

252

Personnes au chômage de longue durée

4,2

4,3

0,1

0,1

1 231

Données CVS, en moyenne trimestrielle

(p) = provisoire

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans ou plus

Source : Insee, enquête Emploi

Qu’est que le BIT ?

Le Bureau international du Travail est le secrétariat permanent de l’Organisation Internationale du Travail. Il sert de quartier général à l’ensemble des activités de l’Organisation internationale du travail. Ce Bureau emploie quelque 2 700 fonctionnaires de plus de 150 pays au Siège à Genève et dans 40 bureaux dans le monde. Parmi eux, environ 900 dans le cadre de programmes et projets de coopération technique. Le Bureau comprend aussi un centre de documentation et de recherche, ainsi qu’une imprimerie qui publie de multiples études spécialisées, rapports et revues.

N’y voyez pas de manipulation ou de tour de passe-passe. Les statistiques sont formelles. Le chômage décroît en France… au sens du BIT dont la définition pour qualifier un demandeur d’emploi est plus stricte que celle de Pôle emploi. On peut ainsi être inscrit sur les fichiers de l’agence nationale de l’emploi sans être considéré comme chômeur au sens du BIT. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui explique les quelque 700 000 chômeurs d’écart entre le pointage BIT (réalisé chaque trimestre via une enquête de l’Insee auprès de 11 000 actifs) et celui de Pôle emploi (la photographie administrative du nombre d’inscrits à la fin de chaque mois).

https://www.youtube.com/watch?v=mccsPiliLL4

Au dernier pointage datant d’avril 2016, le taux de chômage au sens du BIT était de 10,3 % en France entière (Dom compris) au quatrième trimestre 2015, contre 10,4 % trois mois plus tôt. Il avait même grimpé jusqu’à 10,5 % à la fin de 2014 avant de redescendre, deux trimestres d’affilée, à 10,3 %.

Bon, concrètement, je ne veux pas rentrer dans la polémique mais changer d’indicateur en fin de mandat… c’est suspect ! Déjà très critiquée à cause de la loi Travail, Myriam El Khomri distille l’idée que les chiffres Pôle emploi, la boussole du chef de l’État et du gouvernement sur le chômage depuis le début du quinquennat, ne sont pas fiables. C’est moyen quand même !
Allez, on veut bien croire que le CICE a joué son rôle…, mais de là à changer l’indice de comparaison… non, mesdames et messieurs du Gouvernement, je ne suis pas d’accord.

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Par Publié le : 15 juin 2016Catégories : Economie, Gestion et Finance1 CommentaireMots-clés : , , , ,