Les villes sont souvent opposées à la nature et aux grands espaces. Le végétal serait alors une caractéristique des campagnes et des aires sauvages, mais non des villes. La nature est cependant bien présente en ville, à divers degrés. Qu’il s’agisse de parcs, de jardins, d’aires de loisirs et de sport, de sentiers, de rives ou de simples accotements végétalisés, les espaces de verdure s’accompagnent d’une multitude de bienfaits pour les populations citadines, pour le développement durable et pour l’économie locale.

La demande sociale d’espaces verts est particulièrement forte : neuf Français sur dix considèrent qu’il est important de conserver un contact quotidien avec le végétal. Et pour cause, ces espaces présentent de nombreux avantages pour leurs usagers, les résidents aux alentours, l’environnement et l’économie locale. Les bénéfices qui découlent des espaces de nature sont aujourd’hui un peu mieux considérés.

Les espaces verts favorisent la santé des habitants en apaisant le stress et en encourageant les activités physiques. Lieux de rencontres, les parcs, jardins et aires de loisirs renforcent le sentiment d’appartenance aux quartiers et plus largement à la communauté.

Véritables usines biologiques, les espaces de verdure contribuent naturellement à l’évacuation des eaux pluviales, ainsi qu’à la dépollution des eaux, de l’air et des sols. Ils favorisent la biodiversité au cœur même des grandes agglomérations : Ainsi, l’idée selon laquelle on pourrait faire de ces dernières, le prolongement naturel des campagnes, fait son chemin. 

Sur le plan économique, la gestion des espaces verts implique de nombreux emplois locaux.  A ceux-ci s’ajoutent des emplois indirects liés à une meilleure attractivité démographique, touristique et économique des villes et des quartiers.

Les espaces verts améliorent aussi bien l’état de santé auto-déclaré des habitants que leur état diagnostiqué par un médecin. Plusieurs grandes raisons expliquent ce lien : Les espaces verts encouragent l’activité physique (marche, sports en extérieur) ; Ils améliorent la qualité de l’air ; Ils réduisent le stress ressenti par la population ; Ils renforcent le sentiment d’appartenance à la communauté.

Les espaces verts urbains sont des biens collectifs gratuits. Hors de tout marché, les services qu’ils assurent (loisirs, rencontres, traitements biologiques, attractivité…) n’ont en effet aucun prix. Leur valeur économique est en conséquence largement sous-estimée. Leurs coûts d’investissement et d’entretien sont en revanche bien connus des élus locaux.

De nombreux emplois directs sont liés à l’aménagement des sites, à leur maintenance et à leur gestion. Les 28 600 entreprises du paysage emploient en France 91 100 personnes, dont 63 500 salariés et 8 050 apprentis. A ces emplois privés, s’ajoutent des milliers d’agents municipaux en charge des espaces verts. Les entreprises du paysage représentent un chiffre d’affaires de 5,3 milliards d’euros.

Des économistes ont cherché à valoriser les espaces verts de grandes villes à travers leur impact sur les prix immobiliers. Globalement, les espaces verts tendent à accroître localement les prix des logements.

Les études de prix sur les villes d’Angers et de Brest traduisent un fort attachement des Français aux espaces de nature en ville. A Angers, pour deux appartements comparables,  le premier situé 100 mètres plus proche d’un espace vert que le second, le différentiel de prix s’élève en moyenne à 1,3 %. Par ailleurs, lorsque la densité des espaces verts d’Angers augmente de 10 %, les prix des appartements augmentent en moyenne de 1,3 % dans un périmètre d’un kilomètre.

Essayons de donner une valorisation économique aux espaces verts

Les espaces verts ont une valeur d’usage et de non‑usage

En économie de l’environnement, la valeur totale d’un actif naturel correspond à la somme de ses valeurs d’usage et de non-usage. La valeur d’usage des espaces verts correspond à leurs bénéfices récréatifs (promenades, détente, activités sportives…), écologiques (régulation thermique, dépollution…) et à leurs usages futurs. Leur valeur de non-usage comprend quant à elle une valeur d’héritage (legs aux générations futures) et d’existence. Le simple fait de savoir qu’un espace naturel existe en ville suffit en effet pour induire une certaine satisfaction des citadins, même s’ils ne sont pas eux-mêmes usagers de ces espaces.

La valorisation des services aux ménages

La méthode des prix hédoniques est de loin la plus employée par les économistes pour valoriser les parcs et jardins publics, les équipements extérieurs de sports et de loisirs, les forêts urbaines et les cours d’eau. Cette méthode consiste à mesurer la valeur d’usage résidentiel associée à ces espaces. Autrement dit, il s’agit de percevoir le consentement à payer des ménages, via les prix immobiliers, pour profiter au quotidien d’un espace de nature. Pour ce faire, les économistes neutralisent par des procédés économétriques l’effet-prix de la qualité des logements (surface, nombre de pièces, etc.) et des quartiers (infrastructures, services publics, commerces, etc.) pour ne retenir que l’effet  de la proximité avec les espaces verts (distance, temps de trajet à pied, vue).

Cette méthode présente deux limites majeures :

  • elle ne permet d’évaluer que la valeur des bénéfices récréatifs, et non celles des bénéfices écologiques, économiques et sanitaires ;
  • les résultats obtenus ne peuvent pas être généralisés. Dans la plupart des études, la proximité avec un espace vert est positivement valorisée par les ménages mais les ordres de grandeur varient fortement compte tenu des écarts de contexte.

La valorisation des services à la collectivité

La valorisation des services rendus à la collectivité par les espaces verts repose essentiellement sur une mesure des coûts évités, de remplacement, de restauration ou de relocalisation. Les évaluations par les coûts évités consistent à valoriser financièrement les services écosystémiques des espaces verts par les coûts d’une fourniture « artificielle » de ces mêmes services. Par exemple, le goudronnage des sols supprime l’infiltration naturelle des eaux pluviales.