La décision d’investissement occupe une place singulière dans la littérature de gestion. Décision éminemment stratégique dans bien des cas, elle intéresse avant tout le champ de la finance. Nous définirons ainsi l’investissement comme le processus qui aboutit à une consommation de ressources (monétaires ou non) et qui incorpore un gain potentiel futur, ce gain pouvant être financier, économique, social, politique, culturel ou symbolique. Ainsi l’examen des questions du temps et de la nature de l’investissement rendront possible la maîtrise d’un processus complexe. Cette maîtrise est d’autant plus nécessaire que l’ensemble des microdécisions d’investissement des entreprises détermine le niveau macroéconomique de l’investissement.

Les sources de financement de l’investissement

Le financement interne

L’objectif de toute entreprise est de réaliser un profit. En comptabilité nationale, le profit est appelé Excédent Brut d’Exploitation (EBE). Toutefois, il serait erroné de croire que l’EBE est intégralement à la disposition de l’entreprise. Une part de l’EBE est affectée au remboursement de ses frais financiers (le remboursement des intérêts des emprunts) et au versement de dividendes aux actionnaires. Une fois ces opérations effectuées, reste l’épargne brute qui détermine le montant des ressources effectivement disponibles pour l’investissement. Cette épargne est le préalable à l’investissement. Sans elle, l’entreprise ne pourrait pas se procurer les moyens de production nécessaires à son fonctionnement. La part de l’épargne consacrée à l’investissement est l’autofinancement. L’entreprise qui s’autofinance n’a aucune contrainte de remboursement ce qui est un avantage lorsque la conjoncture est morose.
Rares sont les époques où les entreprises peuvent couvrir leur investissement par l’épargne. Elles ont en général un besoin de financement, c’est-à-dire qu’elles sont dans l’obligation de recourir au financement externe.

Le financement externe

L’augmentation du capital social

Cette opération consiste à augmenter le capital de l’entreprise en émettant des actions sur le marché financier ou marché des valeurs mobilières. On fait alors appel à l’épargne des agents ayant une capacité de financement. Il s’agit généralement des ménages et des investisseurs institutionnels (banques, compagnies d’assurances…).

L’endettement

En dehors du marché financier, les entreprises se financent en ayant recours au crédit. Le financement par endettement peut se faire aujourd’hui par une grande variété d’emprunts :

  • le financement intermédié : emprunt auprès des banques ;
  • le financement direct sur les marchés : emprunt obligataire ou émission sur le marché monétaire de billets de trésorerie ;
  • le crédit interentreprises : crédit consenti à un client par son fournisseur, une pratique courante dans la grande distribution.

Depuis une vingtaine d’années, les modes de financement ont beaucoup évolué. On dit qu’on est passé d’une économie d’endettement à une économie de capitaux.

La décision de l’investissement

La décision d’investissement, préalable à l’investissement lui-même, nécessite la prise en compte de flux d’informations internes et externes ; elle s’adosse à une pluralité de conditions qui doivent être réunies autant au sein de l’organisation que dans son environnement externe. On peut, de manière simplifiée, penser à une demande suffisante justifiant le besoin d’équipement nouveau, une capacité financière suffisante permettant l’effort d’investissement, un avenir suffisamment assuré et autorisant une prise de risque, etc.

Dans une première approche et au sens strict, la décision d’investissement dans une organisation ne résulte pas d’un seul choix financier mais d’un choix économique (nature économique et technologique de l’investissement ou du projet d’investissement) effectué en fonction des objectifs généraux de cette organisation, de ses choix stratégiques tels que, par exemple, l’accroissement des parts de marché, la diversification de l’offre de produits ou de services, l’innovation technologique…

En termes d’investissement on peut distinguer :

  • les investissements de création : il n’existait rien de semblable auparavant ;
  • les investissements de remplacement ou de modernisation des matériels, capacités et techniques actuellement en usage dans l’organisation ;
  • les investissements de développement ou de croissance des capacités et activités de l’organisation.

L’activité d’investissement se matérialise par des échanges, des mouvements de biens et de services qualifiés de flux physiques (acquisition, cession…) qui modifient les postes d’immobilisations (traduction comptable des investissements) à l’actif du bilan. Corrélativement, ces échanges se traduisent par des flux financiers c’est-à-dire des opérations d’encaissement ou de décaissement qui comportent des décalages temporels plus ou moins grands.

Le cycle d’investissement et le cycle de financement

L’activité d’investissement et l’activité de financement se traduisent par des flux financiers qui apparaissent au moment de l’investissement initial et de son financement, mais aussi par des flux ultérieurs, qui peuvent devenir récurrents tels les paiements des annuités d’emprunts par exemple.

La notion de cycle renvoie à une récurrence, à une suite d’opérations qui se renouvellent dans un ordre plus ou moins immuable, ou plutôt plus ou moins prévisible et qui incorporent la dimension « temps » dans le raisonnement gestionnaire.

L’étude des cycles, cycles d’investissement et de financement notamment, s’inscrit dans une perspective qui permet d’appréhender l’activité d’investissement (comme celle de financement) de manière dynamique et non de manière statique.

L’investissement modifie durablement le cycle d’exploitation de l’organisation puisqu’il vise le renouvellement et/ou le développement de l’activité en vue de préserver ou d’accroître le niveau des flux futurs de trésorerie. La dépense d’investissement, en tant qu’immobilisation et à la différence d’une charge, n’est pas détruite ou totalement consommée par le cycle d’exploitation.

Si la notion de cycle renvoie à un « renouvellement » perpétuel, chaque cycle pris isolément présente une durée de vie (un début et une fin de cycle) déterminée. Si les cycles se succèdent, ils peuvent aussi se superposer.