Les activités économiques d’un pays associées à la production de biens et d’équipements, au logement, à l’alimentation, aux déplacements, à l’information… consomment des ressources naturelles (eau, matières végétales et minérales). Une partie de ces ressources est potentiellement renouvelable, comme les cultures agricoles pour l’alimentation humaine et animale, l’eau pour l’irrigation, ou la forêt qui produit le bois pour la construction, la fabrication du papier/carton et du mobilier ou pour le chauffage… Néanmoins, la majorité de ces ressources n’est pas renouvelable : granulats utilisés pour la construction et les routes, carburants pour les véhicules thermiques, fuel et gaz pour la production de chaleur, plastiques, acier, aluminium…

La manipulation des ressources induit des impacts sur l’environnement tout au long du cycle de vie des produits, de la fabrication desquels elles participent (extraction et transformation des matières premières) jusqu’au traitement des produits une fois mis au rebut, y compris les transports induits à chacune de ces étapes. Les impacts sont variés : érosion des sols et atteinte à la biodiversité, dégradation des paysages, consommation de minerais, d’énergie, d’eau et d’autres ressources, émissions de polluants dans les milieux et de déchets souvent non valorisables et dont la gestion (stockage, traitement, élimination, valorisation) implique à son tour ses propres impacts. Dans le cas d’importations, ces impacts s’exercent d’abord à l’étranger, en particulier dans les pays d’origine d’extraction et de production.

La consommation de ressources constitue une première approximation des autres pressions et impacts sur l’environnement. Sa maîtrise, ainsi qu’une gestion plus durable des ressources naturelles, peuvent être de nature à atténuer ces impacts : amélioration de la productivité des ressources utilisées (combien d’euros sont générés par unité de masse d’une ressource), diminution de la toxicité et de l’écotoxicité des substances et matières consommées, produites et rejetées par l’économie, prévention de la production de déchets. Une autre voie d’amélioration consiste également à considérer le déchet comme une nouvelle ressource possible en entrée d’économie, afin de rendre les processus de production davantage « circulaires » (en opposition à linéaires).

Certaines des ressources consommées proviennent principalement du territoire national : eau, cultures, bois, granulats, matières minérales. D’autres sont au contraire importées (minerai d’uranium pour la production d’électricité, pétrole, gaz, métaux et produits dérivés, etc.), souvent sous une forme déjà élaborée, depuis les produits de première transformation jusqu’aux produits finis. Par ailleurs, une partie des ressources extraites du territoire national et/ou transformées sur ce territoire est exportée.

Les matières et produits importés en France

Les comptes macroéconomiques de flux de matières recensent annuellement les flux apparents importés et entrant dans l’économie sous forme brute ou transformée. Ils s’intéressent également aux flux physiques indirects associés aux importations, qui correspondent à des matières utilisées à l’étranger pour la fabrication des produits importés, mais qui ne sont pas incorporées à ces produits. Il s’agit aussi des combustibles et des matières premières extraites ou déplacées qui ne sont pas utilisées comme intrant économique (roches contenant du minerai, terres excavées pour la construction…).

Les matières et produits importés en France

Les matières importées en France sont comptabilisées sous toutes leurs formes, qu’il s’agisse de matières brutes (pétrole, céréales, coton brut, minerai de cuivre, fruits, liège naturel…), de produits semi-finis (pré-alliages de cuivre, de zinc, gasoil, mélange bitumineux, bois scié, copeaux de bois…) ou de produits finis (équipements de transport, marchandises en verre, préparations alimentaires diverses, tissus, jouets, vêtements, instruments de musique…).

Les importations ont globalement augmenté de 30 % entre 1990 et 2008, pour atteindre environ 363 millions de tonnes (Mt), soit 5,7 tonnes par habitant (t/hab.) en 2008. En 2009, elles ont très nettement diminué du fait de la baisse de l’activité économique. Puis la masse des importations a progressé, atteignant 341 Mt en 2013 soit 5,2 t/hab.

L’ensemble des combustibles fossiles et dérivés représente 50 % des importations. Ceux-ci comprennent le pétrole, le charbon et le gaz naturel, ainsi que des produits qui en sont majoritairement composés, comme les produits chimiques organiques, les plastiques sous forme primaire ou non, le caoutchouc synthétique. Le pétrole, sous sa forme brute ou raffinée (gasoil et fioul domestique), est la première matière importée, avec 30 % du total.

Les minerais métalliques et produits composés principalement de métal totalisent 15 % des importations (machines et équipements de transport, dont les voitures, certains articles électroménagers…). Le fer et l’acier constituent 62 % de ce flux et les autres produits à base de métal en représentent 28 %.

L’importation de biomasse et produits issus de la biomasse (agriculture, sylviculture et pêche) s’est élevée à 59 Mt en 2013, soit 60 % de plus qu’en 1990. Le bois et les produits dérivés, tels que les panneaux de fibres de bois ou encore les bois plaqués et stratifiés plus ou moins composés de bois tropicaux, représentent près du tiers des importations de biomasse.

Les matières extraites du territoire français

L’extraction intérieure utilisée (ou apparente) correspond aux matières extraites et produites sur le territoire français et utilisées par l’économie. On distingue trois grands groupes de matières : la biomasse, les matières minérales (minerais métalliques et minéraux) et les combustibles fossiles. L’eau n’est pas prise en compte.

Après avoir progressé de 20 % durant les années 1970, la quantité de matières extraites du territoire a globalement peu varié depuis 1990, passant de 709 millions de tonnes (Mt) en 1990 à 737 Mt en 2007, soit 11,6 tonnes par habitant (t/hab.). À partir de 2008, elle décroît pour s’établir à 636 Mt en 2013, soit 9,7 t/hab. Cette diminution est liée à la baisse de 20 % de l’extraction des matériaux de construction. En effet, ces derniers constituent 53 % de la masse totale extraite et plus de 90 % des minéraux non métalliques. Cette évolution est la conséquence de la baisse de l’activité économique dans le secteur de la construction.

Les matières extraites du territoire français

Avec 262 Mt en 2013, l’extraction intérieure prédomine sur les importations dans l’approvisionnement en biomasse de la France. L’extraction intérieure de biomasse a très peu évolué depuis 1990, restant constituée pour moitié par les produits de la récolte primaire comme les céréales, les récoltes de betterave et de canne à sucre ou les fruits. Dans le même temps, les importations ont progressé de 60 % pour atteindre 59 Mt en 2013. Ces dernières sont constituées pour les trois quarts de produits semi-finis et finis, qui, en moyenne, entraînent à l’étranger 6 à 7 fois autant de “flux indirects associés” que leur poids importé.

La consommation intérieure de matières en France

Les produits de l’extraction intérieure de matières et les importations sont utilisés par l’économie française soit pour la production, soit pour un usage final (consommation). Une partie des biens et services qu’elle génère, est consommée par la population présente en France (métropole et départements d’outre-mer), l’autre est exportée.

La consommation intérieure apparente de matières (Domestic Material Consumption, DMC) est égale à la somme des flux de matières extraites du territoire et celles importées, réduite des flux de matières exportées. Elle correspond ainsi à la quantité de matières consommées par la population présente sur le territoire pour ses besoins propres. Elle ne prend pas en compte les flux cachés associés aux importations et aux exportations de matières premières et de produits. Ces flux sont estimés et inclus dans la consommation totale de matières (Total Material Consumption, TMC).

La DMC a été retenue comme l’un des indicateurs de développement durable au niveau européen.

La consommation intérieure apparente de matières a globalement peu varié entre 1990 et 2008, oscillant autour 14 tonnes par habitant (t/hab.), malgré les effets contrastés des facteurs techniques, économiques et démographiques qui interviennent dans l’évolution de cette consommation. Une estimation pour 1970 donne le même ordre de grandeur (13,6 t/hab.). Entre 2007 et 2013, elle décroît progressivement pour s’établir à 12 t/hab..

Sur cette même période, la consommation intérieure apparente de matières baisse (- 14 %) ; de la même façon, l’activité économique, mesurée par la production en volume, i.e. à prix constants, se contracte (malgré une légère reprise en 2011). Il en découle une forte baisse de la consommation des matériaux de construction, qui représentent la moitié de la consommation intérieure apparente. En 2013, 784 millions de tonnes (Mt) de matières ont été consommées. La moitié de cette consommation de matières (DMC) est constituée des minéraux non métalliques, dont les sables et graviers à hauteur de 90 % (340 Mt). Plus du quart de la DMC est composé de la biomasse issue de l’agriculture et de la pêche, avec 212 Mt en grande partie extraites du territoire, destinées à l’alimentation humaine ou animale. La consommation intérieure apparente de combustibles fossiles (35 Mt en 2013), constituée pour près des deux tiers de produits pétroliers, représente environ 17 % du total.