Le financement des campagnes présidentielles est un sujet houleux. Évidemment, si un candidat présente un budget de campagne supérieur à ses concurrents, il serait avantagé. Lors d’une campagne présidentielle, il faut financer les meetings, les goodies, les campagnes presse, les salaires des différents intervenants, tout l’attirail publicitaire, les déplacements, etc.

Il faut comprendre qu’un parti politique est une structure similaire à une association, facile à créer. Il faut simplement tenir une comptabilité annuelle. Par contre, le parti n’est pas égal au candidat. Le financement des campagnes électorales est soumis à une stricte réglementation. Pour chaque élection, le candidat doit ouvrir un compte de campagne qu’il ne peut pas gérer personnellement. Un mandataire financier doit donc être nommé pour tenir ce compte des dépenses et des recettes de campagne.

Depuis 2006, tous les candidats doivent rendre des comptes à une commission indépendante, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Les comptes de campagne du candidat doivent être déposés à une date réglementée, la commission a le choix après audit d’approuver, de demander la modification ou de rejeter la gestion du compte.

Cette commission permet de rembourser, si les conditions sont remplies, une partie des dépenses de campagne. Le financement de chaque candidat est donc composé de deux parties, l’une publique et l’autre privée.

Le financement public des campagnes

Cinq lois encadrent le financement public des campagnes pour l’élection présidentielle. Ces lois prévoient le remboursement des frais de campagne. La Commission instaure un plafond de remboursement qui dépend du score obtenu.

  • Pour les candidats recueillant moins de 5 % des voix des suffrages, le remboursement des frais s’élève au maximum à 4,75 % du plafond des dépenses du premier tour. En 2017, le plafond est de 16 851 000 €. Le montant remboursé par la commission est donc plafonné à 800 422,50 euros.
  • Pour les candidats du premier tour obtenant plus de 5 % des suffrages exprimés, le remboursement s’effectue à 47,5 % du plafond des dépenses du second tour. Le montant remboursé par la commission est donc plafonné à 8 004 225 euros.
  • Pour les candidats du second tour, le remboursement s’effectue à 47,5 % du plafond des dépenses du second tour (22 509 000 euros). Le montant remboursé par la commission est donc plafonné à 10 691 775 euros.
  • Dans le cas de ce financement par l’Etat, le montant des recettes ne peut pas être supérieur à celui des dépenses.

Le financement privé des campagnes

Le financement privé est limité à 4 600 euros par personne, quel que soit le nombre de candidats soutenus. S’il s’élève à plus de 150 euros, le don ne peut être effectué en espèces. Au-dessus de ce montant, il doit donc être versé par chèque, virement, prélèvement automatique ou par carte bancaire.

Le système est ainsi créé pour éviter des versements privés trop importants. Les dons sont offerts par les partis politiques. Les dons ou aides matérielles provenant d’Etats étrangers, d’entreprises privées, de syndicats, mutuelles ou associations autres que celles qui possèdent le statut de parti politique sont interdits. Contrairement au financement public, les recettes peuvent être supérieures au montant des dépenses.

Le plafonnement des dépenses

Les dépenses des candidats sont également soumises à un strict encadrement par la Commission. C’est un décret qui plafonne le montant des dépenses. Le plafonnement des dépenses des campagnes électorales s’établit à 16 851 000 € pour le premier scrutin et à 22 509 000 € pour le second tour.

Il n’y a pas que la campagne présidentielle qui a ses dépenses plafonnées, toutes les autres élections bénéficient aussi de ce système. Législatives, régionales, municipales, seul le plafonnement des dépenses change. Pour les élections législatives, ce plafond est de 38 425 euros, majoré de 0,15 euros par habitant. Pour les autres élections, il varie, en diminuant au fur et à mesure que le nombre d’habitants de la circonscription augmente : de 0,53 à 0,23 euros par habitant pour les régionales, de 0,64 à 0,3 euros pour les cantonales, de 1,22 à 0,53 euros au premier tour des municipales. Ces plafonds sont révisés tous les trois ans selon l’indice des prix. Sont prises en compte les dépenses réglées directement par le candidat, mais aussi celles du parti qui le soutient et, éventuellement, celles prises en charge par une personne physique, y compris des avantages en nature.

Les comptes des campagnes présidentielles

Certifié par un expert-comptable, accompagnés des justificatifs, les comptes sont alors transmis dans les deux mois suivant le scrutin à la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques.

Autorité administrative indépendante, elle comprend neuf membres nommés pour cinq ans (trois magistrats du Conseil d’État, trois de la Cour des comptes et trois de la Cour de cassation) et élit son président. La commission effectue un contrôle minutieux des comptes, qu’elle peut, dans un délai de six mois après transmission, approuver, rejeter ou réformer (par exemple majorer des dépenses facturées à un coût abusivement bas). Elle saisit le juge de l’élection en cas de transmission en retard, de dépassement du plafond ou de rejet du compte. Seuls les comptes approuvés ouvrent droit au remboursement de l’État.

Le juge de l’élection peut alors prononcer des sanctions électorales (annulation ou réforme du résultat), financière (amende) ou pénale (emprisonnement, inéligibilité).

 

Comptes de campagne de François Hollande

DÉPENSES (en euros)

RECETTES (en euros)

 

Montants déclarés par le candidat

Montants retenus par la CNCCFP

 

Montants déclarés par le candidat

Montants retenus par la CNCCFP

I.
DÉPENSES PAYÉES PAR LE MANDATAIRE FINANCIER :

13 557 010

13 493 335

I.
RECETTES PERÇUES PAR LE MANDATAIRE FINANCIER, DONT :

13 715 081

13 617 107

 

 

 

apport personnel (y compris l’avance de 153 000 euros)

11 153 000

11 055 026

 

 

 

versements définitifs des partis politiques

1 298 813

1 298 813

 

 

 

dons des personnes physiques

1 235 369

1 235 369

 

 

 

autres recettes

27 899

27 899

II.
CONTRIBUTIONS DES PARTIS POLITIQUES :

 

 

II.
CONTRIBUTIONS DES PARTIS POLITIQUES :

 

 

dépenses payées directement

7 173 075

7 186 341

dépenses payées directement

7 173 075

7 186 341

concours en nature

1 039 780

1 039 780

concours en nature

1 039 780

1 039 780

III.
AUTRES CONCOURS EN NATURE :

30

500

III.
AUTRES CONCOURS EN NATURE :

30

500

Total des dépenses

21 769 895

21 719 956

Total des recettes

21 927 966

21 843 728

Solde positif du compte

158 071

123 772

 

 

 

 

Comptes de campagne de Nicolas Sarkozy

DÉPENSES (en euros)

RECETTES (en euros)

 

Montants déclarés par le candidat

Montants retenus par la CNCCFP

 

Montants déclarés par le candidat

Montants retenus par la CNCCFP

I.
DÉPENSES PAYÉES PAR LE MANDATAIRE FINANCIER :

18 278 829

18 202 693

I.
RECETTES PERÇUES PAR LE MANDATAIRE FINANCIER, DONT :

 

 

(dont dépenses admises au remboursement)

 

18 202 693

apport personnel (y compris l’avance de 153 000 euros)

11 103 000

11 026 864

 

 

 

(dont apport personnel pris en compte pour le remboursement)

 

11 026 864

 

 

 

versements définitifs des partis politiques

250 000

250 000

 

 

 

dons des personnes physiques

7 062 116

7 062 116

 

 

 

autres recettes

 

 

II.
CONTRIBUTIONS DES PARTIS POLITIQUES :

 

 

II.
CONTRIBUTIONS DES PARTIS POLITIQUES :

 

 

dépenses payées directement

2 608 554

2 608 554

dépenses payées directement

2 608 554

2 608 554

concours en nature

 

 

concours en nature

 

 

III.
AUTRES CONCOURS EN NATURE :

151 510

151 510

III.
AUTRES CONCOURS EN NATURE :

151 510

151 510

Total des dépenses électorales soumises au plafond

21 038 893

20 962 757

Total des recettes du compte, avance de 153 000 EUR comprise

21 251 277

21 175 141

Solde positif du compte

212 384

212 384