Les Centres Médico Psychologiques sont des lieux de soins psychiatriques gratuits en France. Il découle d’un long processus initié dans les années 60. La loi du 15 mars 1960 prônait la création de structures de soins publiques et ambulatoires de proximité pour couvrir tous les besoins en santé mentale sur tout le territoire français. De cette politique découle une volonté de garder les personnes en demande de soins psychiatriques sur leur lieu de vie et favorise également le développement de nombreuses autres modalités de soins en ambulatoire comme les CATTP : Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel, l’EMPP : Equipe Mobile Psychiatrie et Précarité, les Hôpitaux de jour : structures intermédiaires ou alternatives à l’hospitalisation à temps complet ou encore les Appartements thérapeutiques etc.

Les Centre Médico Psychologiques Publics peuvent être spécialisés dans l’accueil des enfants et adolescents jusqu’à 16 ans ou des adultes. D’autres CMP, plus rares, travailleront plus spécifiquement dans la prise en charge des personnes âgées que l’on nomme alors CMPPA (Centre Médico Psychologiques pour Personnes Agées). Tous les CMP sont composés d’équipes pluridisciplinaires qui réalisent des actions de diagnostic, de prévention et de soins médicopsychologiques. Les équipes peuvent se composés de psychiatres, psychologues, assistants sociaux, psychomotriciens, orthophonistes, éducateurs spécialisés … 

Ce sont des lieux de soin publics et sectorisés. Les CMP sont des unités d’accueil où l’on peut rencontrer tous les jours ouvrables de la semaine des spécialistes qui vont assurer des consultations spécifiques et/ou une prise en charge régulière. Tous ces lieux de soins sont généralement rattachés administrativement à des hôpitaux. Les CMP ne sont pas tous répartis avec la même densité sur tous les secteurs français. Tous centres de soin confondus, la densité nationale moyenne d’équipements en lits et en places d’hospitalisation à temps complet ou partiel est de 140 pour 100 000 habitants en 2016. L’offre de soins ambulatoires présente de fortes disparités départementales. Elle varie de 3 structures pour 100 000 habitants en Eure-et- Loir à 23 structures pour 100 000 habitants en Corse du Sud.

Les CMP accueillent des patients selon des zones qui lui sont propres. Ces zones appelées secteurs peuvent, suivant la densité de la population domiciliée, être de la taille d’un arrondissement ou en être une subdivision. Ce découpage permet de mettre en rapport une population (en moyenne 75 000 habitants) avec les équipes pluridisciplinaires. La prise en charge de ces patients est dites en ambulatoire, 21 millions d’actes ont été réalisés sous cette forme dans les 3800 Centres Médicaux Psychologique. Ce sont des structures considérées comme le pivot du dispositif ambulatoire.

Etat des lieux de l’offre de soins de psychiatrie

Avec la médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) et les soins de suite et de réadaptation (SSR), la psychiatrie, est le troisième poste de dépenses hospitalières. Ce champ d’activité, qui comporte une dimension de santé publique marquée présente des caractéristiques différentes des autres disciplines.

Les patients sont essentiellement pris en charge en ambulatoire par les établissements de santé. L’offre de soins psychiatriques est majoritairement publique (70% des capacités en lits et places en 2012). Les capacités d’hospitalisation à temps plein ont sensiblement diminué depuis une trentaine d’années au profit de l’augmentation des places d’hospitalisation à temps partiel, portée principalement par les établissements privés, ceux-ci ne représentant cependant qu’une faible fraction de l’hospitalisation à temps partiel.

Au cours de ces dernières années, seul le secteur privé lucratif a vu ses capacités s’accroître dans un cadre budgétaire contraint.

Une offre de soins plurielle, majoritairement publique et essentiellement tournée vers la prise en charge en ambulatoire

Trois modes de prise en charge en psychiatrie peuvent être distingués selon leur fréquentation : l’ambulatoire (90% de la file active en 2012), la prise en charge à temps complet (25%) et enfin le temps partiel (8%) un patient pouvant être comptabilisé dans plusieurs types de pris en charge. En 2012, 57% de la file active était exclusivement ambulatoire. Cette prise en charge relève essentiellement de consultations en centres médico-psychologiques (CMP) qui sont des unités de soins également chargées de l’accueil et de la coordination et qui, rattachés à un centre hospitalier, dépendent du secteur public.

La prise en charge à temps complet se compose à 95% de l’hospitalisation à temps plein réalisée par les centres hospitaliers (CH et CHU 20%), les centres hospitaliers spécialisés (CHS 45%), le secteur privé non lucratif (12%) et les établissements privés à but lucratif (23%). Elle est en principe réservée à la gestion des situations aiguës. Les autres modalités d’accueil (12% des lits et places de la prise en charge à temps complet) regroupent les centres de post-cure, l’hospitalisation à domicile, l’appartement thérapeutique et l’accueil familial thérapeutique (cf. tableau 1).

Enfin, la prise en charge à temps partiel s’effectue au sein des hôpitaux de jour, des hôpitaux de nuit et des centres d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP).

L’activité reste essentiellement réalisée au sein du secteur public

L’activité de psychiatrie en établissement de santé est réalisée essentiellement au sein des établissements publics et privés à but non lucratif, et ce quel que soit le mode de prise en charge. En 2012, la quasi-totalité des actes ambulatoires était réalisée dans le secteur public (cf. tableau 2). Toutefois, la prédominance du secteur public décroît à mesure que la prise en charge est de plus en plus complète. Ainsi, les établissements privés à but lucratif accueillaient 7% des journées d’hospitalisation partielle en 2012, 24% des journées d’hospitalisation à temps plein et 30% des séjours de post-cure.

S’agissant des capacités en hospitalisation à temps plein, le dynamisme du secteur privé lucratif sur la période récente (+14%) a induit une évolution positive des capacités globales (+1%).

 

Nombre de journées ou d’actes ambulatoires

 

Établissements              Établissements              Établissements publics             %         privés à but        %         privés à but        %

non lucratif                        lucratif

Nombre de patients distincts(1)

 

Établissements              Établissements              Établissements publics   %                                            privés à but                  %         privés à but        %

non lucratif                        lucratif

Prise en charge hospitalière

18 160 054

68%

3 468 355

13%

4 904 807

18%

356 633

69%

57 524

11%

104 242

20%

Prises en charge à temps complet

13 114 906

65%

2 351 896

12%

4 569 525

23%

260 208

65%

40 552

10%

97 874

25%

Hospitalisation à temps plein

11 792 687

64%

2 135 036

12%

4 447 585

24%

243 242

64%

38 954

10%

96 272

25%

Placement familial thérapeutique

798 279

93%

59 337

7%

 

0%

3 181

92%

268

8%

 

0%

Accueil en appartement thérapeutique

151 890

76%

47 229

24%

 

0%

1 250

79%

333

21%

 

0%

Accueil en centre de post cure

142 756

41%

100 003

29%

101 948

30%

1 299

39%

743

22%

1 290

39%

Accueil en centre de crise

68 238

76%

2 156

2%

19 956

22%

15 101

88%

121

1%

1 858

11%

Hospitalisation à domicile

161 056

95%

8 135

5%

36

0%

1 433

88%

191

12%

2

0%

Prises en charge à temps partiel

5 045 148

78%

1 116 459

17%

335 282

5%

142 831

81%

23 388

13%

10 267

6%

Hospitalisation de jour

3 543 557

75%

884 362

19%

321 061

7%

77 148

75%

15 825

15%

9 969

10%

Hospitalisation de nuit

110 022

57%

69 646

36%

14 221

7%

3 208

70%

656

14%

751

16%

CATTP

1 391 569

90%

162 451

10%

 

0%

76 915

90%

8 406

10%

 

0%

Prise en charge ambulatoire

16 066 096

89%

2 009 500

11%

13 958

0%

1 662 655

89%

214 562

11%

136

0%

Centre Médico-Psychologique (CMP)

10 810 984

88%

1 442 151

12%

52

0%

1 119 885

88%

157 940

12%

4

0%

Autres structures d’ambulatoire

5 255 112

90%

567 349

10%

13 906

0%

812 556

90%

91 104

10%

134

0%

Total toutes prises en charge

34 226 150

77%

5 477 855

12%

4 918 765

11%

1 751 808

84%

237 111

11%

104 307

5%

L’augmentation du recours à la psychiatrie s’inscrit dans un cadre budgétaire contraint

L’intensification de l’activité est davantage liée à des causes organisationnelles qu’épidémiologiques

Caractérisée par un taux d’occupation des lits élevé (près de 90% en 2012) en progression ces dernières années, l’activité de psychiatrie en établissement de santé a également été marquée par un raccourcissement de la durée moyenne de séjour passant de 29,6 jours en 2007 à 28,8 jours en 2012. La progression du taux de recours aux soins psychiatriques à temps complet ou partiel, (360 journées pour 1000 habitants en 2008 à 402 en 2012) ainsi que celle du taux de recours à une prise en charge ambulatoire (217 actes pour 1000 habitants en 2008 à 273 en 2012), laissent à penser, au regard de la faible évolution des capacités sur la même période, que l’activité de psychiatrie s’est nettement intensifiée.

Ce taux national et son évolution masquent néanmoins de fortes disparités constatées au niveau régional et interrégional (cf. graphiques 2). Un début de rééquilibrage interrégional apparaît toutefois : les régions dont les taux de recours sont relativement élevés ont vu celui-ci croître faiblement voire diminuer (Limousin, Bretagne, Aquitaine) et inversement (Poitou-Charentes, Pays de Loire, Picardie).

Ce recours accru aux structures de soins de psychiatrie ne peut être imputé à des causes épidémiologiques. Des causes organisationnelles peuvent également être invoquées. En particulier, le manque de solutions en amont et en aval de la prise en charge pourrait également expliquer l’augmentation du taux de recours à travers l’allongement de la durée des séjours prolongés (ou la répétition de ceux-ci) et le recours accru à l’hospitalisation sous contrainte.

Un financement sous forme de dotations qui maintient les disparités existantes

Le financement des activités de soins en psychiatrie est assuré, pour les établissements publics et privés à but non lucratif, par une dotation annuelle de financement (DAF) et par un objectif quantifié national (OQN) qui regroupe des établissements privés à but lucratif et non lucratifs. Ensemble, ces deux dotations représentaient, avec 9,4 Md€ en 2013, un peu plus de 12% des dépenses totales d’assurance maladie versées aux établissements de santé (cf. graphique 3). En sus de ces dotations, les établissements MCO reçoivent des financements au titre des séjours de psychiatrie financés au sein du court séjour par les groupes homogènes de séjours (GHS)2. Ces quelques 480 000 séjours représentaient une masse financière totale (secteurs public et privé confondus) d’un peu moins de 850 M€ en 2013 (un peu plus de 2% de la valorisation de l’ensemble des séjours MCO).

Les dépenses d’assurance maladie versées aux établissements de santé au titre du financement de la psychiatrie ont été marquées, sur la période récente, par une croissance faible, dans un contexte de dépenses contraint. (cf. graphique 4). Ainsi, entre 2007 et 2013, les dépenses de soins psychiatriques en établissement de santé ont augmenté de 2,2% en moyenne par an. Ce taux de croissance est légèrement tiré vers le haut par l’OQN PSY qui a augmenté de 4% en moyenne par an sur la période mais qui compte tenu de son faible poids ne contribue que pour 0,2 point à la croissance totale

Tout comme le taux d’équipement et le taux de recours aux soins sont très disparates d’une région à l’autre et d’un territoire de santé à l’autre, le montant de la DAF psychiatrie par habitant varie d’une région à l’autre (de 101€ par habitant à 177 €). Les régions disposant d’une offre en lits plus élevée présentent un taux de recours à l’hospitalisation également plus élevé et une dotation par habitant significative. Ces régions sont ciblées en priorité par les mesures de péréquation inter-régionale afin de diminuer l’écart à la moyenne des dotations régionales et faire évoluer l’offre de soins vers les alternatives à l’hospitalisation à temps plein.