Le lithium est le nouvel or blanc de notre temps. Constituant essentiel de nos batteries, utilisé dans la plupart des technologies, le lithium est une ressource stratégique.

L’exploitation des ressources en lithium est une opportunité industrielle majeure pour la France. La consommation mondiale de lithium est en forte hausse. L’utilisation des batteries pour le marché des véhicules électriques fait naître un besoin en lithium considérable.

Le lithium n’était utilisé que pour quelques marchés à la fin des années 2000. L’assemblage massif de batteries implique une extraction plus importante du lithium. Elle était de l’ordre de 75 000 tonnes en 2019. En 2025, elle devrait atteindre 170 à 215 000 tonnes par an. Le marché de spécialités va se transformer en marché de commodités (marché des matières premières), d’autant plus que le lithium est facile à transporter, sous forme de sels ou de métal plus ou moins purifié.

Les sources de lithium sont abondantes et variées dans le sous-sol de notre planète. Les pegmatites à spodumène sont exploitées en mines classiques à ciel ouvert, par exemple en Australie. On exploite aussi les aquifères salins, en particulier dans les Andes dans les zones des grands salars (le plus grand salar, celui d’Uyuni en Bolivie, n’est pas exploité). Mais le sous-sol de la France dispose également de ressources en lithium abondantes et déjà connues.

Du lithium en France ?

Bien que l’Australie produise actuellement plus de 50% de la consommation mondiale de lithium, elle ne détient en lithium que 5% des réserves mondiales. Les principales réserves mondiales sont situées en Amérique du Sud, dans le « Triangle du Lithium », constitué du Chili, de l’Argentine et de la Bolivie. Les estimations se comptent en millions de tonnes. 9,2 millions de tonnes (Mt) au Chili, 1,9 Mt en Argentine. Ces réserves sont actuellement inexploitées.

Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), il y a un potentiel minier important en France métropolitaine. L’exploration-production du lithium pourrait être réalisée avec des coproduits ou sous-produits à forte valeur ajoutée comme l’étain, le tantale ou le béryllium. 41 sources de lithium ont été recensées en France. Les lieux de gisement se trouvent dans une diagonale allant du Massif armoricain au Massif central, région largement pourvue en lithium. La France possède donc un important potentiel pour l’exploitation de ce minerai rare.

Les estimations historiques françaises inventoriées par le BRGM pour les principaux gisements de minéraux de lithium concernent les granites et les pegmatites. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est la capacité d’exploiter le lithium des saumures géothermales situées entre 1 000 et 4 000 mètres de profondeur, lorsque les conditions géologiques sont réunies… Ce qui est le cas dans les aquifères très profonds du fossé rhénan, c’est à dire pour la France, dans les Vosges, dans des grès déposés il y a 235 millions d’années. La concentration de lithium y varie entre 60 et 360 mg/l et le tonnage utile cumulé était estimé à environ 1 million de tonnes de lithium métal par le BRGM en 2017.

L’Association française des professionnels de la géothermie évalue aujourd’hui la coproduction possible de lithium en Alsace à 15 000 tonnes par an sur 10 sites géothermiques. Jusqu’à présent, ces eaux géothermales chaudes étaient exploitées pour la récupération de chaleur et la production de chaleur et d’électricité. Le modèle économique consiste à associer les deux exploitations, d’une part pour augmenter la production de chaleur et d’électricité décarbonées et d’autre part pour produire du lithium métal.

Un code minier en réforme

L’exploration et l’exploitation minière en France sont régies par le code minier, qui découle d’une loi de 1810 élaborée sous Napoléon. Le code en lui-même a été créé en 1956. Modifié en 2011 et 2021, le code apporte des éléments nouveaux et attendus :

Article L100-3 du nouveau code minier :

« Les substances minérales ou fossiles assujetties au régime légal des mines n’appartiennent pas au propriétaire du sol et sont administrées par l’Etat, sous réserve des compétences dévolues aux collectivités mentionnées aux titres XII et XIII de la Constitution et des dispositions spécifiques qui leur sont applicables.

La gestion et la valorisation des substances minérales ou fossiles et des usages du sous-sol mentionnés au présent code sont d’intérêt général et concourent aux objectifs de développement durable des territoires et de la Nation.

Cette gestion et cette valorisation ont pour objectifs de développer l’activité extractive sur le territoire national en veillant à un haut niveau d’exigences environnementales et sociales, de relocaliser les chaînes de valeur, de sécuriser les circuits d’approvisionnement, de garantir la connaissance, la traçabilité et le réemploi des ressources du sous-sol et de réduire la dépendance de la France aux importations. »

Le code était doublement critiqué. A la fois par les associations et des élus à cause de son impact sur l’environnement et le manque de transparence dans la délivrance de permis, mais aussi le manque de consultation de la population.

Dans l’ancien texte, si une entreprise obtenait un permis de recherches dans le sous-sol et si elle trouvait un minerai, elle obtenait de facto le droit de l’exploiter. Et bien le « droit de suite » est modifié : il n’oblige plus l’État à attribuer une concession minière à celui qui découvre un gisement, mais lui accorde seulement une certaine priorité si les conditions sont réunies pour l’attribution d’une concession.

Toutefois, le code minier n’a pas été finalisé et on parle bien de « premier étage » de la réforme.

L’opinion est défavorable à l’exploitation minière

Sous l’impulsion des mouvements écologistes, la remise en cause des projets d’exploitation minière est devenue quasi-systématique. Or, on peut concilier le respect de l’environnement et notre participation à la bataille mondiale pour les minerais.

Il ne faut pas répéter les erreurs comme à Salsigne. Cette mine d’or a été fermée en 2004. Elle est marquée par un siècle de pollution par l’arsenic et à ce jour, il s’agit du site le plus pollué de France.

Pourtant, l’exploitation minière a bien évolué ; ses adeptes estiment qu’elle est aujourd’hui respectueuse de l’environnement. L’exploitation d’une mine se traduit entre autres, par différents impératifs :

  • Maîtrise du stockage des stériles ;
  • Gestion des écoulements d’eau ;
  • Utilisation durable des ressources ;
  • Protection de la biodiversité ;
  • Réhabilitation des sites, notamment par des techniques de revégétalisation.

Peut-être dans l’avenir aurons-nous besoin du tungstène des Pyrénées ou du Tarn ou encore du cuivre, de la bauxite, du titane et du lithium tous présents dans notre sous-sol ? En effet, ceux-ci sont répertoriés en France métropolitaine et mais sont peu explorés. Ils pourraient se révéler peut-être utiles pour la production de nouvelles batteries, en particulier celles dont la chimie est liée à l’électrolyte solide ce qui permettrait à la France d’être un peu moins dépendante d’autres nations insuffisamment préoccupées par l’aspect environnemental et humain.