L’inflation

Les prix s’envolent en France et dans le reste du monde. 6,5% en France, 8,5% aux États-Unis en juillet 2022, plus de 10% au Royaume-Uni… Les causes et les effets de l’inflation sont multiples.

L’inflation se caractérise par une hausse généralisée et durable des prix des biens et services. Elle oscillait en France entre 0 et 4% depuis trente ans.

evolution de l'inflation

Depuis l’été 2021, l’inflation a brusquement augmenté. Entre juillet 2021 et août 2022, elle est passée de 1,5% à 6,5%. Toutefois, la France reste en dessous du taux d’inflation annuel de la zone euro qui est estimé par Eurostat à 9,1% en août 2022, contre 8,9% en juillet.

A quoi cette poussée inflationniste subite est-elle due ?

La mécanique de l’inflation est complexe. Elle n’obéit pas uniquement à l’augmentation de la quantité monétaire en circulation.

Mesuré en principe sur un an, le niveau d’inflation précédent était très bas. La reprise économique post-Covid-19 et le conflit russo-ukrainien ont tous les deux entraînés une hausse rapide des prix. L’inflation qui est donc actuellement calculée se base sur des variations de prix fortes. C’est “l’effet de base”.

Bien que cela ne fasse plus vraiment la Une des médias, nous sommes toujours en pleine pandémie. La Chine, gros producteur et exportateur mondial continue d’appliquer sa stratégie zéro-Covid et confine, tour à tour, des millions de personnes. Cette politique alimente l’inflation. A contrario, les pays importateurs comme la France ont fait vacciner leur population et n’appliquent plus de restrictions sanitaires.

On peut rajouter que l’allongement des délais représente des coûts supplémentaires élevés qui nourrissent également l’inflation qu’il s’agisse du redémarrage des chaînes de production, d’approvisionnement ou d’acheminement principalement dus à la crise sanitaire et au conflit russo-ukrainien. Depuis février 2022, l’approvisionnement en matières premières (pétrole, gaz, huile, blé) est plus compliqué. Les exportations ukrainiennes sont plus rares et les sanctions contre la Russie contraignent de nombreuses chaînes à se réorganiser. C’est un processus complexe et coûteux. Ces difficultés entraînent une augmentation des prix de production et se répercutent sur les consommateurs.

On constate aussi que, bien que les consommateurs ait reporté une partie de leurs achats pendant le Covid-19, les entreprises et les distributeurs ont depuis, augmenté leurs prix.

Enfin, il faut rappeler que la pandémie a mis brutalement à l’arrêt l’économie mondiale qui a repris progressivement son activité. La France et de nombreux pays européens ont mis en œuvre des plans de relance massifs afin de tenter d’endiguer les effets négatifs de la crise sanitaire. Pour soutenir leurs économies, ils ont fait des emprunts auprès de leurs banques centrales respectives, ce qui creuse leurs déficits. Ainsi, en France, les dépenses publiques ont bondi de 4% en 2021 après +5,1% en 2020.

Cette stratégie de soutien a toutefois un effet pervers sur la zone euro. Si les pays membres de l’UE empruntent et dépensent massivement, ils pourraient être jugés « moins susceptibles d’honorer leurs dettes ». En clair, ces pays prennent le risque d’une banqueroute, les intérêts étant majorés, ils et rendent leur capacité de remboursement plus faible. En effet, le niveau du taux d’intérêt dépend de la confiance du prêteur dans la capacité de l’État à rembourser son emprunt.

Le plan de relance de l’Union Européenne Intitulé “Next Generation EU”, permet de faciliter la relance des économies après la pandémie de COVID-19”. Il a pour objectif de favoriser un investissement massif dans la transition écologique et numérique. Néanmoins, cet emprunt représente un nouveau risque financier. Les marchés reflètent d’ailleurs ce risque, l’Euro a subi une légère dévaluation face au Dollar.

 

Calculez votre taux d’inflation personnel : https://www.euro-area-statistics.org/digital-publication/statistics-insights-inflation/bloc-4a.html

 

Le retour de l’inflation est-il inquiétant ?

L’inflation évolue en cycles plutôt longs. Nous pouvons affirmer que la longue phase précédente de faible inflation est terminée. On assiste dorénavant à une remise en question de la mondialisation et une fragmentation du commerce mondial semble se dessiner.

La hausse des prix entraîne une baisse du pouvoir d’achat. Mécaniquement, plus la part des dépenses obligatoires (alimentation, logement, habillement, …) est élevée, moins il y a de possibilités pour les ménages de contrer la hausse des prix. Plus l’Euro est faible face au Dollar, plus les produits importés seront chers.

Si l’inflation était restée modérée et régulière, l’augmentation seule des salaires aurait pu la compenser. Mais si dorénavant, si les salaires sont la seule variable d’ajustement et s’ils augmentent trop vite, les entreprises perdront en compétitivité face à nos voisins et la France subira une baisse de son attractivité. 

En conséquence, la hausse soudaine de l’inflation accroît l’incertitude des acteurs économiques. Cela produit des effets négatifs sur les investissements et la croissance. Si l’activité baisse, le pays peut entrer en récession ce qui provoquerait une hausse du chômage et une dégradation des comptes publics.

Comment lutter contre l’inflation ?

Lutter contre l’inflation n’est pas facile. Les outils à la disposition du gouvernement sont limités, longs à mettre en place et peuvent également avoir des effets non-désirables.

Conduire une politique monétaire notamment en réduisant la masse de liquidités en circulation est une option mais les effets ne se font pas ressentir immédiatement. Développer une stratégie visant à favoriser l’offre prend encore plus de temps avant d’obtenir des résultats.

Pour contenir l’inflation, les principales banques centrales ont relevé les taux d’intérêts directeurs. Ces taux influencent directement le prix du crédit et de l’épargne octroyés par les banques privées qui répercutent les taux de la banque centrale. Concrètement, plus les taux directeurs sont faibles, plus les consommateurs sont incités à dépenser car le coût du crédit est bas et la rémunération de l’épargne est faible. En revanche, si les taux directeurs sont relevés, les ménages et les entreprises ont plutôt tendance à épargner car les produits d’épargne sont plus rentables.

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de relever les taux directeurs en deux étapes successives : une première hausse des taux le 27 juillet 2022, puis une nouvelle hausse décidée le 8 septembre 2022. Elle imite ainsi la Réserve fédérale (la Fed) aux États-Unis qui s’est rapidement engagée dans cette voie.

Cette stratégie est pourtant incertaine car toutes les économies du monde sont concernées par l’inflation. Elle va théoriquement provoquer un ralentissement de l’activité et une dépréciation monétaire ce qui aura sûrement un impact sur la croissance économique et sur l’emploi.

Réduire notre consommation, relocaliser notre production, augmenter les salaires sont des pistes à explorer pour agir durablement sur l’inflation et relancer l’économie afin d’obtenir une croissance pérenne. La mise en œuvre de tels chantiers donnerait un signal positif pour appréhender l’avenir.