L’OL groupe est le seul club sportif français coté en bourse, ce qui facilite l’accès aux comptes. L’OL clôture ses comptes au 30 juin de chaque année et publie donc ses comptes avant le 31 décembre de chaque année.

L’OL : une PME.

Le groupe Olympique Lyonnais est une PME : un chiffre d’affaires global de 147 millions et 261 collaborateurs. La notoriété d’un club de football professionnel est bien plus large que sa taille économique. Par comparaison, le plus petit chiffre d’affaires du CAC 40 est détenu par la société UNIBAIL-RODAMCO qui réalise 1,31 milliards d’euros de CA, soit 10 fois plus que l’olympique Lyonnais, et ne parlons pas de Total, qui réalise le plus grand CA du CAC 40, avec ses 200 milliards d’euros.

L’ensemble des activités du groupe.

Pour appréhender la valeur d’un club de football comme l’OL, il faut en comprendre sa structure. Bien entendu, c’est d’abord une Société Anonyme à Objet Sportif, la SASP Olympique Lyonnais qui gère le club de football et c’est aussi un ensemble d’activités qui comprend 10 filiales, regroupées autour de 5 axes :

  • Billetterie;
  • Droits TV;
  • Partenariats et Publicité : notamment la société OL IMAGE qui s’occupe de la publicité du club mais aussi crée les documentaires sur le club ou vend des programmes;
  • Produits de la marque : OL Merchandising par exemple;
  • Trading de joueurs.

En M€

30/06/12

30/06/11

Variation

Billetterie

17,7

19,0

-6,8%

Partenariats – Publicité

23,5

19,5

+20,5%

Droits marketing et TV

71,6

69,6

+2,9%

Produits de la marque

19,1

24,7

-22,7%

Produits des activités hors contrats joueurs

31,9

132,8

-0,7%

Produits des cessions des contrats joueurs

15,2

21,8

-30,3%

Total des produits des activités

47,1

154,6

-4,9%

Le produit de ces activités ou le chiffre d’affaires du groupe de la saison 2011/2012, se répartit de la façon suivante :

Le résultat sportif sur la saison 2011/2012 n’a pas été à la hauteur des espérances du club même si cela reste honorable : quatrième place en championnat (donc pas de ligue des champions sur la saison suivante), un huitième de final de ligue des champions, finaliste de la coupe de la ligue et enfin vainqueur de la coupe de France, ce qui explique notamment des droits TV en ligne de l’année précédente, saison 2010/2011 en demi-teinte elle aussi.

Un résultat annuel dans le rouge.

Le résultat de l’année du groupe OL est négatif, affichant une perte de 28 millions d’euros sur l’exercice actuel comme sur l’exercice précédent. Ainsi que vous pouvez le constater dans le tableau simplifié du compte de résultat, les charges principales d’un club sont les frais de personnel, ce qui inclut notamment les salaires des joueurs. On obtient un ratio Frais de personnel/Total des produits de 67 % ! Que le club souhaiterait d’ailleurs ramener autour de 55 %.

Les nombreux départs du club et la montée des joueurs du centre de formation dans l’équipe professionnelle devraient permettre de baisser ces coûts. C’est une condition nécessaire pour le rééquilibrage des comptes.

Les joueurs, ou plutôt leurs contrats, sont amortis sur la durée stipulée. Ce ne sont pas des sommes que le club décaisse mais un amortissement au même titre qu’une autre immobilisation qui arrive donc à zéro pour un joueur en fin de contrat. En cas de blessure ou même de « méforme », on devrait comptablement passer des provisions pour déprécier le contrat.

D’ailleurs en comptabilité, la plus-value ou la moins-value d’un contrat de joueur se calcule sur la valeur nette, c’est-à-dire après amortissement, comme pour une machine ou une voiture. Ce qu’il faut remarquer, c’est la baisse du produit des cessions de joueurs, le plus gros transfert étant celui de Hugo LLORIS à Tottenham pour 9,7 millions d’euros, suivi de Aly Cissoko à Valence pour 5 millions : l’OL a rééquilibré ses comptes par la vente de joueurs.

On note donc que malgré un résultat net négatif, l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation qui est le résultat avant les charges financières et les exceptionnels, soit, pour faire simple, la performance économique, reste positive. Si on effectue le ratio EBE/Chiffre d’affaires, on obtient donc 4,82 %, moins de 5 % ce qui est faible. L’OL Groupe dégage donc peu de marge sur son exploitation.

Compte de résultat consolidé (en M€)

2011/2012

2010/2011

Produits des activités

147,1

154,6

Frais de personnel

99,2

99,8

EBE

7,1

8,9

Amortissements joueurs

36,1

41,2

Résultat opérationnel courant

-33,7

-35,6

Résultat avant impôt

-36,6

-37,4

Résultat net part du groupe

-28,0

-28,0

 

Un actif essentiellement humain

Bilan résumé (en M€)

ACTIF

30/06/12

30/06/11

PASSIF

30/06/12

30/06/11

Contrats joueurs

62,4

92,9

Capitaux propres (y compris minoritaires)

76,7

104,7

Autres actifs et créances d’impôts

45,1

54,2

Oceane(1)

22,0

21,4

Impôts différés

10,6

1,9

Impôts différés et provisions

3,6

3,0

Autres créances

23,4

29,1

Dettes financières moyen terme

3,0

10,6

Trésorerie

20,3

36,3

Dettes financières court terme

0,7

0,7

 

 

 

Dettes nettes joueurs

3,7

21,8

 

 

 

Dettes exploitation

52,1

52,2

 (1)    Oceane : y compris intérêts part à moins d’un an

Les OCEANE:

Les OCEANE : Obligations Convertibles ou Échangeables en Actions Nouvelles ou Existantes. Ce sont donc des obligations qui, à terme, sont convertibles en actions soit dans le cadre d’une augmentation de capital, soit remboursées en action préexistantes ce qui évite dans ce deuxième cas une dilution du capital. C’est pourquoi l’OL groupe a un programme de rachat d’actions prévu pour rembourser en partie l’OCEANE en actions préexistantes.

Si l’on regarde l’actif du bilan, on note que la ligne Contrats joueur a fondu de 30 millions d’euros. Cette situation est due en partie à ces départs et à toutes les fins de contrat. Sur trois années, nous avons :

En M€

30/06 2012

30/06 2011

30/06 2010

Actif des contrats de joueurs au bilan

62.4

92.9

121.5

L’ensemble de la valeur au bilan des contrats joueurs a donc été divisé par deux en deux ans. On peut en tirer deux conclusions. La première, les contrats les plus importants s’en vont du club, l’OL n’attire plus les meilleurs joueurs et n’a plus les moyens de s’offrir des contrats en dizaines de millions d’euros. La deuxième nous oblige à mettre en perspectives les plus-values latentes des joueurs :

En M€

30/06 2012

30/06 2011

30/06 2010

Plus-values latentes

82.6

82.1

84.2

Il semblerait que l’OL optimise mieux son achat de joueurs en ne surpayant pas les transferts, en privilégiant des joueurs qui restent dans le club (donc un amortissement supérieur) et/ou des contrats éventuellement plus longs et en achetant des joueurs moins chers, plus jeunes pour en tirer le meilleur parti après le passage dans le club.

Au passif, si on ajoute les capitaux propres et les OCEANE, on obtient 98,7 millions d’euros. On note que le groupe est peu endetté si l’on considère les OCEANE comme du capital et non comme un emprunt obligataire : seulement 3,7 millions de dettes financières ce qui fait moins de 4 % d’endettement. La ligne dettes d’exploitation comprend notamment 30 millions d’euros de dettes fiscales et sociales.

La dette nette joueur correspond à ce qu’il reste à payer sur les achats précédents : bonus, traites, remboursement de prêts effectué pour l’achat des contrats. Elle a fortement diminué, l’olympique Lyonnais a donc sensiblement assaini la situation de ses contrats joueurs.

Une précision d’importance grâce à un excédent brut toujours positif, la trésorerie du groupe est elle-même toujours positive de 20,29 millions, dans l’attente d’un carry back d’impôt sur les sociétés de 22 millions d’euros.

Que vaut l’OL ?

Tout d’abord, au vu des différents éléments financiers ci-dessus, la continuité d’exploitation du club n’est pas compromise. L’assise financière semble solide et on ne craint pas pour l’avenir du club si les résultats sportifs se maintiennent, voire s’améliorent ce qui risque d’être le cas cette année puisque l’OL est dans le haut du tableau de la ligue 1, en passe donc de se requalifier pour la ligue des champions ; cette dernière assurant un niveau important de droits télévisés.

L’approche par les capitaux propres

Une bonne approche de la valorisation d’une entreprise est celle de l’actif comptable c’est-à-dire la valorisation de ses capitaux propres corrigée éventuellement compte tenu de certaines caractéristiques. Le montant des capitaux propres est le résultat de ce qu’il devrait rester si l’activité était arrêtée immédiatement, que l’ensemble de l’actif était vendu, que les dettes étaient remboursées avec la vente de l’actif et que les actionnaires se partageaient ce qu’il reste, en théorie le montant des capitaux propres. Ici, nous avons vu qu’ils étaient de 98,7 millions.

On peut ajouter à ce montant les provisions qui n’auraient plus lieu d’être et qui sont ici de 3,6 millions.

On pourrait éventuellement ajouter les plus-values latentes sur les contrats de joueur qui sont, selon des données internes à l’OL, de 80 millions d’euros. 98,7 + 3,6 + 80 = 182 millions d’euros de valorisation.

Répartition du capital

Au 30 Septembre 2012 ; Attention, le flottant, le nombre d’actions sur le marché, est de 26,59 %, c’est-à-dire que si vous rachetez toutes les actions disponibles en bourse, vous n’aurez que 26,59 % du capital.

 

Nb d’actions

% capital

% droits de vote

ICMI (1)

4 524 008

34,17%

43,14%

PATHÉ

3 954 683

29,87%

28,16%

ADMINISTRATEURS (2)

259 642

1,96%

2,48%

FCP ULYSSE (3)

174 576

1,32%

0,83%

GL EVENTS

313 652

2,37%

2,99%

ND INVESTISSEMENT

149 341

1,12%

1,42%

AUTO-DÉTENTION

344 410

2,60 %

NA

PUBLIC

3 520 975

26,59%

20,98%

TOTAL

13 241 287

100,00 %

100,00 %

 

L’approche par le cours de bourse.

Puisque l’Olympique Lyonnais a décidé de se lancer en bourse, partons de sa valorisation boursière. A l’heure où sont écrites ces lignes, la valeur du titre est de 2.3 euros, soit une valorisation de 30,45 millions d’euros.
En bourse, le club est valorisé à 30,45 millions à ce jour, soit plus de trois fois moins que les seuls capitaux propres qui sont comme nous l’avons vu plus haut, autour de 100 millions d’euros pour la bonne et simple raison que si le club continue de perdre 30 millions par an, il lui restera trois ans de fonds propres à engloutir.
Malheureusement, ces approches sont techniques et elles ne reflètent guère la valeur d’un club sportif : comment valoriser le centre de formation par exemple ?
De plus, nous le voyons au travers du cours de bourse, la valeur du club est très dépendante des résultats sportifs et on peut se poser la question de la fluctuation rapide et constante du cours de la bourse par rapport à la valeur à long terme : une mauvaise année de résultat sportif remet-elle en cause la valeur du club ?

 

13/03/2013

30/06/2012

30/06/2011

30/06/2010

30/06/2009

30/06/2008

Cours de l’action en euros

2.3

2.82

5.82

7.6

8

20.2

Nombre d’actions

13 241 287

13 241 287

13 241 287

13 241 287

13 241 287

13 241 287

Capitalisation boursière en M€

30,45

37,34

77,064

100,633

105,930

267,473

Résultat net comptable en K€

 

-28 016

-28 017

-35 124

5 366

20 069

Résultat par action en euros

 

n/a

n/a

n/a

0.4

1.53

PER = cours action/bénéfice par action

 

n/a

n/a

n/a

20

13.2

 

Le projet du stade.

Une dernière donnée va également radicalement changer la situation du club : dans le cadre de l’euro 2016, L’OL devrait construire son propre stade : le « Stade des lumières ». Un stade de 58 000 places, livré en théorie à l’été 2015, entouré d’hôtels et de complexes divers, implanté dans une banlieue de Lyon, la ville de Décines. Le stade en lui-même devrait coûter 400 millions d’euros : l’OL devrait investir environ 200 millions d’euros de fonds propres (dont 100 millions apportés par le groupe de construction VINCI) et 200 millions d’emprunt ; les infrastructures de transport étant prises en charge par les différentes collectivités publiques pour 150 millions d’euros.

Ce projet modifierait complètement le bilan de l’OL puisque les capitaux propres seraient triplés et le stade alors à l’actif du bilan renforcerait considérablement la structure financière du groupe. En France, actuellement, le seul club à posséder son stade est l’AJ Auxerre.

En conclusion, il est difficile d’évaluer un club de sport tel que l’OL sur des chiffres et des critères uniquement financiers étant donné que le capital principal est l’humain, au travers notamment des joueurs et des jeunes en formation. On peut également se poser la question de l’introduction en bourse de telles structures car on voit mal se superposer les impératifs des marchés financiers avec des sociétés dont les résultats sont extrêmement dépendants de leurs performances sur un match, sur une compétition, sur un projet ; la remarque peut s’appliquer aussi au cinéma ou à la musique, comme par exemple la société EUROPA CORP de production de films de Luc Besson.

L’OL apparaît néanmoins sous-valorisée par son cours de bourse et prouve avec le projet du stade des lumières que ce club peut briller encore longtemps.